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Définition

Fab Lab signifie littéralement laboratoire de fabrication, et renvoie directement à l'usage d'outils numériques (ordinateurs bien sûr, mais aussi machines à commande numérique, électronique, prototypage rapide) à travers un lieu physique identifié et ouvert au plus grand nombre. Ce n'est pas forcément un atelier de services mais au contraire un espace où des outils, des savoir-faire et des temps de travail collaboratifs sont mis à disposition des usagers.


Historique

Historiquement, le concept de fab lab émerge au Massasuchetts Institute of Technology, peu de temps après l'apparition dans les années 80 de la robotique industrielle ou « usine sans hommes ». L'idée est étroitement liée à la fabrication locale, individuelle et autonome, et fait référence à un cours en particulier au MIT : « How to make (almost) anything » - comment (presque) tout fabriquer - . Ainsi, et de manière «officielle», l'existence d'un fab lab renvoie à un cahier des charges précis énoncé initialement par le MIT et précisé par le réseau de fab labs existants. C'est Neil Gershenfeld, directeur du Center For Bits and Atoms au MIT qui a précisé le concept de fabrication personnelle appliquée aux nouvelles technologies. Afin de mieux cerner le champ d'activités d'un fab lab, on peut trouver la charte originelle sur le site du MIT :

  • Mission : les fab labs sont un réseau mondial de laboratoires locaux, qui rendent possible l’invention en donnant aux individus accès à des outils de fabrication numérique.
  • Accès : vous pouvez utiliser le fab lab pour fabriquer à peu près n’importe quoi (dès lors que cela ne nuit à personne) ; vous devez apprendre à le fabriquer vous-même, et vous devez partager l’usage du lab avec d’autres usagers et utilisateurs.
  • Éducation : la formation dans le fab lab s’appuie sur des projets et l’apprentissage par les pairs ; vous devez prendre part à la capitalisation des connaissances et à l’instruction des autres utilisateurs.
  • Responsabilité : vous êtes responsable de :
    • La sécurité : savoir travailler sans mettre en danger d’autres personnes ni endommager les machines,
    • La propreté : laisser le lab plus propre que vous ne l’avez trouvé,
    • La continuité : contribuer à entretenir et réparer les outils, à gérer les stocks de fournitures et à rendre compte des incidents.
  • Secret : les concepts et les processus développés dans les fab labs doivent demeurer disponible pour un usage individuel même si la propriété intellectuelle peut être protégée.
  • Business : des activités commerciales peuvent être initiées dans les fab labs, mais elles ne doivent pas faire obstacle à l’accès ouvert. Elles doivent se développer au delà du lab plutôt qu’en son sein et bénéficier à leur tour aux inventeurs, aux labs et aux réseaux qui ont contribué à leur succès.

Concept

Pourquoi, là où les réseaux de communication globalisés ont pu généraliser l'utilisation d'outils de production collaborative à distance, voit-on émerger la nécessité de revenir à des espaces bien réels ? Il y a là des liens étroits entre des pratiques en ligne et des communautés qui ne peuvent finalement pas se passer d’un lieu physiquement identifié. Leurs formes peuvent prendre des noms variés : hackerspaces, hackspaces, hacklab ou fab labs. Tous ces lieux ont en commun la création, le détournement ou la réappropriation d'objets et d'outils, pas forcément numériques…

C'est aussi sous forme d’événements que se matérialisent ces communautés : festivals, rencontres informelles, concours… Aujourd'hui, aucun mot générique ne désigne ces lieux, qu'ils soient fixes où bien que l'on se réfère à un événement temporaire mais dont les desseins et les acteurs sont identiques. Nous parlons bien ici de création autonome, le plus souvent libre et en rapport étroit avec les technologies de l'information (TIC) et de la communication. Pourtant, et en particulier dans le cas des fab labs, on touche à des formes de créativité et de fabrication qui dépassent le simple cadre des TIC, au sens où ces dernières ne sont plus qu'un outil de fabrication et non objet d'expérimentation. Il se passe ici un phénomène de rapprochement non négligeable entre deux « mondes » : celui des informaticiens qui ont établi des règles bien précises autour de la création logicielle libre et d'un autre côté des artistes, créateurs, bricoleurs, ingénieurs qui estiment que cette « philosophie » devrait aussi s'appliquer à tout ce qui nous entoure.

On observe ici le croisement entre des espaces numériques où ces concepts latents ont émergé de longue date au regard de l'histoire de l'informatique, et l'apparition depuis peu d'espaces bien réels où mettre en œuvre ces pratiques.

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